de ladypirate07 » Lun 10 Sep 2012 08:02
C’est avec une ample discrétion et un absolu renfermement qu' Élisabeth avait vécu ces derniers jours. Elle ne parlait plus à personne, son regard était vague souvent absent ; rien ne l’affectait et elle ne semblait ressentir aucune émotion et pourtant, tout se bousculait dans son crâne. Elle angoissait. Elle avait peur mais elle en ignorait la cause. Un vide en elle était soudainement comblé d’un sentiment d’in sûreté nouvelle. Etait-ce le fait de ce retrouvé loin des siens et de ce qu’elle avait toujours connu ? Il lui semblait que non et pourtant quelque chose empêchait son audace et sa créativité de s’éveillées. Elle toujours légère, rayonnante et passionnée, n’était plus que crainte, silence et ténèbres. Son cœur se soulevait à chaque pas résonnant dans son dos, elle ne vivait plus que dans l’appréhension et l’effroi. Elle se sentait dépérir. Pour elle, tout était sujet à trahison et à mesquinerie. Elle n’avait pas souhaité avoir de cabine. Elle voulait dormir à la belle étoile malgré le froid ; caprice d’enfant ; et se mêler au navire sur lequel elle semblait partir à la dérive, sur lequel elle semblait sombrer dans la folie. Adieu les lits à baldaquins, Adieu les colliers de perles et les flacons de parfums, Adieu les somptueuses toilettes et les escarpins de dames, Élisabeth avait repris la mer ; elle allait sans doute y mourir ; ou plutôt le croyait-elle ; et en reverrai jamais cette ile qui lui tenait à cœur, cette ile où elle avait toujours vécue. Aujourd’hui, tout était différent pour elle. Elle était vêtue plus simplement que jamais ; culotte et corset, pieds nus sur le sol glacés et cheveux détachés telle une sauvage. Elle se pencha sur le bastingage ; elle était si menue que malgré ce geste, celui-ci ne lui arrivait qu’au menton. La mer était splendide, elle soupira. Ses paupières se fermèrent doucement. Il n’était pas temps de sommeiller pourtant. Les vagues entrechoquant la coque la berçaient. Son esprit alourdi par la dépression, elle finit par s’endormir en murmurant à l’adresse des flots calmes et négligeant.
-Si tu dois m’emporter, emmène-moi au pays des obscurs là-bas, où ma mère sévit dans le plus étrange des mondes… Si tu dois m’emporter, dit-leur que mes derniers songes étaient pour eux, pour eux…
liberté...