L'Île Cocos, une île au trésor
Un petit bout de terre truffé de trésors cachés par les pirates
L'île Cocos est devenue célèbre depuis l'âge d'or de la piraterie au XVIIème siècle, grâce aux pirates qui y auraient cachés de nombreux trésors pillés aux navires marchands espagnols faisant leurs voyages commerciaux de l'Europe vers l'Amérique du Sud. Ce qui valu à cette île le surnom d'« île aux Trésors »
L'île Cocos (Cocos Island), à ne pas confondre avec l'archipel des îles Cocos (ou îles Keeling / Keeling Islands), est la pointe émergente d'un volcan éteint. Elle présente des falaises abruptes atteignant jusqu'à 200 m de haut, et contenant de nombreuses grottes, offrant ainsi aux pirates et flibustiers une protection sans égale. A cela s'ajoute du bois et de l'eau douce en abondance qui sont une matière première indispensable pour les navires des forbans.
Parmi les pirates les plus célèbres ayant mis les pieds sur cette île, il y a William Davis, Bennett Graham (Benito Bonito) en 1812, William Thompson, Henry Morgan (après avoir pillé Panama en 1683), William Dampier, John Eaton, Lionel Wafer. Tous ces pirates ont-ils enterré leur butin sur cette île ?
L'île Cocos d'hier à aujourd'hui
L'île Cocos (en espagnol : Isla del Coco) est une île costaricienne située à 550 kilomètres au sud-ouest du Costa Rica dans l'océan Pacifique.
L'île Cocos abrite une forêt tropicale humide ainsi qu'une faune et une flore sous-marine exceptionnelles.
L'origine de son nom vient des cocotiers qui ont été importés au XVIIe siècle, quand l'homme pensait pouvoir s'installer sur cette île. Mais son climat est un calvaire pour l'homme.
Du XVIIè au XIXè siècle, les légendes autour des îles Cocos ont graduellement pris de l'ampleur, attirant de nombreux chercheurs de trésors en quête des fortunes considérables enterrées, emmurées ou cachées dans les nombreuses grottes de l'île.
Il a été comptabilisé entre 1846 et 1997, plus de 500 expéditions, qui n'ont fait que ravager les îles dû aux gens peu scrupuleux et aveuglés par l'avarice. Ravages énormes car les îles ont même été dynamitées de toutes parts par les chercheurs de trésors, et même les touristes en mal de sensations fortes. La faune et la flore marine et terrestre de l'île ont largement souffert.
C'est pourquoi les îles Cocos ont été classées au Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1997. Et depuis, les fouilles sont interdites par le gouvernement du Costa Rica. L'utilisation d'un simple détecteur de métaux est passible de lourdes amendes et de peines de prison.
Revenons un peu sur les pirates, les écrivains et autres voyageurs connus
Les îles Cocos ont été fréquentées par de nombreux pirates ayant pillés des convois maritimes revenant du Pérou.
On peu citer :
- Henry Morgan, qui est venu sur les îles peu de temps après avoir pillé Panama en 1683. Y a t-il enfoui ses prises ?
- Edward Davis, a enterré sa cargaison d'or et de bijoux de plusieurs millions de dollars, provenant de Guayaquil, en Équateur.
- Bennet Graham, dit "Benito Bonito, el de la espada sangrienta" aurait enterré sur l'île en 1819 une fortune d'environ 250 millions de francs (38 millions d'euros) dérobés au galion espagnol Relampago. Selon les ouvrages, la date est aussi de 1812 et 1824...
- William Thompson, et son fabuleux trésor du Pérou dit le trésor de Lima, dont la fortune est colossale et dépasse de loin tous les autres trésors des autres pirates.
Il est clair que ces îles ont été une grande source d'inspiration en 1881 pour Robert Louis Stevenson, l'auteur de l'ultra célèbre livre "l'île aux trésors" !
Voilà le récit de la fabuleuse aventure à l'île Cocos, par Robert Charroux (1909-1978), Président du Club International des Chercheurs de Trésors.
Dans la hiérarchie des butins de pirates, cachés et jamais mis au jour, le trésor de l'île Cocos se situe au premier rang, et à la seconde place mondiale de tous les trésors connus, immédiatement après le trésor des Incas.
La documentation se rapportant aux événements que nous allons relater est loin d'être assise sur des bases historiques solides, mais l'île Cocos a eu le privilège de recevoir la visite d'hôtes célèbres : le président Franklin Roosevelt, l'amiral Nicholson, Malcom Campbell, le capitaine Tony Mangel, et désormais ses lettres de noblesses sont patentes et irrécusables !
L'île qui appartient à la République de Costa-Rica émerge en plein océan Pacifique, à l'écart de toute route fréquentée, au nord de la ligne équatoriale et au large des côtes de Colombie. Position géographique : 50 32' latitude nord, 87° 10' longitude ouest.
Longue d'environ 8 kilomètres et large de 4 kilomètres, elle se présente comme un plateau rocheux planté de cocotiers et qui est hérissé de trois pics volcaniques : le sommet Ouest, le Grand Sommet (850 m), le cône Sud (480 m). A l'est, dominant la mer, à pic, se dresse une barrière rocheuse haute de 60 à 180 mètres.
Elle comporte deux points d'eau douce, l'un près de la baie de Wafer, l'autre dans la baie de Chatham. Deux petits ruisseaux, coulant en cascade, mais parfois à sec, se jettent au sud de l'île, l'un dans la baie de l'Espérance, l'autre à 1 250 km plus à l'est.
L'île est déserte, infestée dit-on de serpents, mais le capitaine Tony Mangel qui la visita deux fois assure n'en avoir pas vu.
Selon des chroniques à caractère semi-historique, l'île Cocos renferme plusieurs trésors atteignant au total 20 milliards de francs (3,049 millards d'euros).
Le principal est sans conteste celui de la Mary Dear qui atteindrait dix à vingt milliards de francs.
Au début du XIXème siècle, les Etats d'Amérique du Sud entreprirent une série de guerres en vue de conquérir leur indépendance.
En 1820, le général San Martin, par terre, et lord Cochrane, par mer, opérant de leur base de Bolivie, convergèrent sur Lima alors tenu par les Espagnols du vice-roi Pezuela.
Les troupes du général firent une marche victorieuse que devait couronner la prise du port de Callao où lord Cochrane mit à la raison la grosse frégate Esméralda et 26 navires et sloops de guerre que protégeaient pourtant les 300 canons du fort.
Pris de panique avant l'assaut final, les riches Espagnols de Lima optèrent pour la fuite, avec, bien entendu, leurs richesses ou du moins ce qu'ils pouvaient emporter.
Seul le chemin de mer s'avérait encore libre, mais Callao, port de Lima, ne comportait qu'une seule unité capable d'entreprendre avec succès la traversée du Pérou à l'Espagne : la Esméralda qui malheureusement avait mission impérative de défendre le port.
Un brick de bonne apparence : la Mary Dear du capitaine écossais Thompson, se disposait à lever l'ancre pour fuir la bataille imminente ; à prix d'or, les commerçants et le clergé de Lima louèrent le navire.
Durant deux jours on embarqua à bord tout ce que la ville renfermait de plus précieux : les capitaux privés, piastres, ducats, louis, bijoux, pierres précieuses, chandeliers en or de la cathédrale, les candélabres, ciboires et objets du culte, les vaisselles d'or et d'argent, livres, archives, objets d'art, etc.
Thompson n'était pas un pirate de fait, mais littéralement affolé par l'incalculable richesse de sa cargaison, il appareilla, avec ses passagers, assez peu décidé à les conduire à Cadix ou en quelque autre port d'Espagne.
Il mit le cap sur le nord, et une nuit, se rendant aux instances de son équipage, il se laissa entraîner dans le crime : les passagers furent égorgés, jetés par-dessus bord et la Mary Dear devenue navire pirate fit voile vers l'île Cocos, dont la situation isolée, hors de toute voie surveillée, attirait invinciblement depuis des siècles les flibustiers de la mer du Sud.
Le butin fut enterré dans l'île par mesure de précaution, car la Mary Dear signalée sur tous les océans n'avait aucune chance de rallier un port ou une nation civilisée, où immanquablement il eût fallu rendre des comptes à coup sûr bien périlleux.
On était en plein XIXème siècle et des accords internationaux réglaient très précisément, et punissaient de mort le crime de piraterie !
Et d'ailleurs où aller ? La route du cap Horn était difficilement praticable, car il fallait longer les côtes de Colombie, du Pérou, du Chili, où les vaisseaux de l'Indépendance assuraient une garde vigilante.
Mais des cadavres de passagers assassinés avaient été repêchés et la ruse échoua totalement : des matelots habilement interrogés avec la corde au cou et la plante des pieds rissolant doucement sur un lit de braises ardentes, révélèrent tous les détails de l'aventure, y compris les points de leurs trésors personnels, qui furent sans doute récupérés.
Hélas pour la morale, heureusement pour le pittoresque, le capitaine Thompson, sans doute grâce à quelques bonnes poignées de piastres, parvint à s'échapper, et alla s'établir au Canada, en Nouvelle-Ecosse et peut-être revint-il à l'île Cocos puiser dans son immense trésor, mais sans l'entamer sérieusement.
A son lit de mort, pour décharger sa conscience et faire profiter un ami de ses richesses, il révéla le point exact de la cachette.
Cet ami s'appelait Keating ; Thompson lui donna un plan et les coordonnées suivantes, si l'on en croit la tradition :
« Débarquer baie de l'Espérance entre deux îlots, par fond de dix yards. Marcher le long du ruisseau, 350 pas puis obliquer nord-nord-est 850 yards, pic, soleil couchant pic dessine ombre d'un aigle, ailes déployées. A la limite ombre et soleil : grotte marquée d'une croix. Là est le trésor. ».
Keating se rendit à l'île Cocos et en trois voyages aurait ramené plus de cinq cents millions, sans pour autant épuiser le trésor dont il ne put déterrer les plus grosses pièces.
A son tour, il légua son secret à un quartier-maître du nom de Nicolas Fitzgerald, qui, trop pauvre, ne put jamais organiser d'expédition.
On retrouve plus tard Fitzgerald, semi-clochard, à Melbourne, où, sentant qu'il va mourir avec son secret inutile, il décide de le révéler par lettre au capitaine Curzon Howe qui lui avait jadis sauvé la vie.
Curzon Howe ne se rendit pas non plus à l'île Cocos.
De toutes ces aventures, des documents sont demeurés : plans, cartes, relevés, passant de main en main au cours des années, légués, donnés, volés, vendus ou troqués (tout comme le cryptogramme de La Buse).
La lettre de Fitzgerald qui faisait état des notes laissées par Keating est conservée dit-on au Nautical and Traveller Club de Sydney et enregistrée sous le n° 18 755.
On y relève les indications suivantes :
« A deux encâblures, au sud de la dernière aiguade, sur trois pointes. La grotte est celle qui se trouve sous la deuxième pointe. Christie, Ned et Anton ont essayé, mais aucun des trois n'est revenu. Ned, à la quatrième plongée a trouvé l'entrée à douze brasses ; à la cinquième plongée il n'est pas revenu. Il n'y a pas de pieuvres mais des requins. Il faut s'ouvrir un chemin vers la grotte, par l'ouest. Je crois à un éboulement à l'entrée. »
Un autre document original, trouvé au musée de Caracas, est l'inventaire laissé par Fitzgerald à Coiba et qui parvint à Howe, en 1835.
Voici cet inventaire :
« Nous avons mis par quatre pieds dans la terre rouge :
« 1 caisse : garnitures de drap d'or, avec ciboires, ostensoirs, calices, comprenant 1 244 pierres.
« 1 caisse : 2 reliquaires en or pesant 120 livres, avec 654 topazes, cornalines et émeraudes, 12 diamants.
« 1 caisse : 3 reliquaires coulés pesant 160 livres, avec 860 rubis et diverses pierres, 19 diamants.
« 1 caisse : 4 000 doublons d'Espagne au coin 8. 5 000 crowns du Mexique. 124 épées. 64 dagues. 120 baudriers. 28 rondaches.
« 1 caisse : 8 coffrets cèdre et argent, avec 3 840 pierres taillées, anneaux a panènes et 4 265 pierres brutes.
« A 28 pieds nord-ouest, à 8 pieds dans le sable jaune :
« 7 caisses : avec 22 candélabres or et argent, pesant 250 livres, avec 164 rubis par pied.
« A 12 brasses par ouest, à 10 pieds dans la terre rouge : la Vierge de deux mètres en or, avec l'Enfant Jésus, avec sa couronne et son pectoral de 780 livres, enroulée dans sa chasuble d'or, avec dessus 1 684 pierres dont 3 émeraudes de 4 pouces au pectoral et 6 topazes de 6 pouces à la couronne. Les 7 croix en diamants. »
Voilà donc en ce qui concerne le trésor de Thompson, deux documents détaillés mais qui se contredisent formellement.
Hélas ! soit que la traduction ait été défectueuse, soit que la transmission orale ait mis en défaut une mémoire débile, ceux qui connaissent l'île Cocos sont obligés d'accueillir ces points avec beaucoup de réticence.
Si l'on prend les déclarations au pied de la lettre, la dernière aiguade de l'île est celle de la baie de Wafer, la première se situant dans la baie de Chatham où mouillent habituellement les bateaux. Il n'existe pas d'autres points d'eau potable aux Cocos.
Or, « à deux encablures (370,40 m) au sud » de l'une ou l'autre aiguade, il est impossible de trouver « trois pointes » et « douze brasses de fond », pour la bien simple raison que l'on se trouve alors en pleine terre !
Mais il existe un autre mouillage au sud de l'île, dans la baie de l'Espérance, avec - à la rigueur - un point d'aiguade, puisqu'en période de pluie une cascade se déverse dans la mer.
Par rapport aux aiguades du nord, celle-ci est effectivement la « dernière ».
Par ailleurs, si l'on entend par douze brasses une profondeur de 21,84 m, on ne trouvera pas un tel fond à proximité des aiguades de Chatham et de Wafer, où les profondeurs oscillent autour de trois à quatre mètres, sur lit de sable et où l'on chercherait en vain des masses rocheuses pouvant surplomber une caverne.
Des fonds de 21 mètres n'existent que près de l'île Nuez (au nord des aiguades), entre cette île et la pointe Colnett, et au sud, à l'île Pain de Sucre et sur la côte en face de l'île Meule.
Mais on peut admettre que les douze brasses du document ne signifient pas 21,84 m mais 12 brasses de nageur, soit environ 9 à 12 mètres.
De plus, on voit mal des plongeurs occasionnels descendre en nageant à 21 mètres de fond, ce qui constituerait presque un record du monde (ce record fut en 1933 l'apanage du Russe Georges Kramarenko, de Nice, avec précisément 21 mètres).
Pour aller à dix mètres il faut déjà être un nageur remarquable, et il est impensable que des trésors aient été immergés dans une grotte sous-marine, où seuls des plongeurs hors classe auraient pu apporter ou reprendre les caisses contenant le butin.
Tous les techniciens de la plongée sont d'accord pour reconnaître qu'un tel travail, effectué par des pirates, n'a pu se faire qu'à une profondeur d'environ 6 à 8 mètres... et même à moins !
Il est matériellement impossible que les choses se soient passées autrement, et l'on arrive à cette conclusion raisonnable : les caisses de Thompson et de Keating ont été immergées dans les fonds de 6 à 9 mètres de la baie de l'Espérance, à environ 370 mètres au sud de la « dernière aiguade » celle de la Cascade.
A cet endroit, toutes les données et coordonnées des documents paraissent acceptables : « A deux encablures de la dernière aiguade, par fond de douze brasses » de nageur.
Là encore, on trouvera la terre rouge de l'île et le sable jaune de la baie, au nord-ouest et à l'ouest.
Cette interprétation est encore renforcée par le plan de Keating (propriété du Club des Chercheurs de Trésors) où les points ont des concordances approximatives avec ceux, très évasifs et mystérieux de la lettre de Fitzgerald.
La description des « trois pointes » rocheuses doit alors aider à localiser la cache.
Quant à l'inventaire, il est très certainement erroné, exagéré, mais c'est là monnaie courante dans les nomenclatures habituelles de trésors !
Ces données conjecturales déterminèrent cependant le capitaine Tony Manguel, grand chercheur de trésors devant l'Eternel - et quelque peu pirate devant le diable - à tenter l'aventure en 1927, alors qu'à bord de son yacht le Perhaps I il courait la mer dans les parages du détroit de Bass.
- A cette époque, dit-il, visitant le Nautical and Traveller Club de Sydney, je tombai en arrêt devant des documents encadrés sous verre, et flanqués de notes explicatives : il s'agissait de la fameuse lettre de Keating, enregistrée sous le n° 18 755, et d'un autre document sans provenance connue.
« J'en demandai copie et comme l'île Cocos ne se trouvait pas tellement écartée de mon chemin de retour, je décidai de faire un crochet.
« Je n'avais aucun matériel, et cette expédition, pour moi, revêtait un simple caractère de prise de contact ; je voulais voir sur place, si en particulier je trouverais la zone où l'ombre de la tête d'aigle se trouvait projetée par le soleil couchant.
« J'ai repris la mer et débarqué baie de Wafer comme tout le monde, car c'est là que se trouve le meilleur mouillage et le point d'eau.
« L'île est une plate-forme rocheuse qui s'abaisse au nord et au sud en pentes douces, et qui est hérissée des trois pics volcaniques bien connus.
« J'ai tout d'abord refait ma provision d'eau douce, et me suis aventuré dans la nature en direction du sud.
« Le terrain n'était pas trop difficile à pratiquer : de la pierraille et des cocotiers !
« Mon idée était de voir la fameuse ombre portée, et j'ai pensé tout de suite au Grand Sommet.
« Effectivement, dès le premier soir, je remarquai un fait : quand le soleil couchant est à son périgée, le Grand Sommet projette une ombre où l'on peut reconnaître une forme de tête de condor. Mais cela se passait en septembre, et la projection tombait en pleine terre.
« Ça ne collait pas !
« Je n'étais sûrement pas à l'époque durant laquelle Thompson avait effectué ses observations : le trésor avait été caché en septembre, mais le point avait été fait en hiver, alors que le soleil se lève au sud-est, se couche en nord-ouest et projette vraisemblablement l'ombre du Grand Sommet dans la baie de l'Espérance.
« C'est ce que je compris, aussi après avoir relevé le plan de l'île et donné quelques coups de pioche par acquit de conscience, je levai l'ancre.
« Je revins à l'île Cocos en 1929.
« Cette fois j'avais préparé mon affaire, apporté des pelles, des pioches et de la dynamite ; mais par-dessus tout j'avais étudié le point de Thompson, relevé en degrés et minutes... un point que j'étais seul à posséder ; et j'avais acquis une certitude : ce point était faux ! Tout était là !
« Et il était faux parce que nous étions au XXème siècle, que nous opérions avec un sextant, des instruments très précis, et selon la déclinaison donnée du pôle.
« Or, Thompson, lui, avait caché son trésor en 1820, mais calculé le point avec un octant, lors d'une récupération entre 1820 et 1823, et avec une montre plus ou moins précise et une boussole donnant un nord magnétique bien déterminé !
« Il fallait donc refaire les calculs de Thompson en commettant les mêmes erreurs, et selon les données des tables nautiques des années 1820 à 1823; et mon point rectifié en ce sens était le suivant en 1929 : 50 30' 17" latitude nord et 87° 0' 40" longitude ouest.
« A cent mètres près le trésor était là !
« Bref, mes calculs situaient la cache au sud de la baie de l'Espérance, au nord-nord-ouest de l'île Meule.
« Là je trouvai une grotte accessible à marée basse durant une heure environ.
« J'ai failli m'y noyer, ayant commis l'imprudence d'aller seul à l'île Cocos.
« A cet endroit et ce jour-là, le courant était très violent ; j'avais ancré mon yacht et laissé filer mon canot au bout d'un filin jusqu'au fond de la grotte où subsistait un petit banc de sable émergeant. Dans la pénombre je me mis à sonder, puis à creuser à la pelle car j'avais rencontré à un mètre une résistance qui me donnait de l'espoir, mais c'était entre mer et sable sec, et la houle ramenait sans cesse le déblai de mon trou. Après une bonne demi-heure de lutte insensée je compris qu'il me serait impossible sans coffrage de déblayer jusqu'à un mètre... que dis-je : jusqu'à cinquante centimètres !
« Et pendant que je m'acharnais, la mer remplissait de plus en plus le trou de la caverne ; il me fallait décamper, et dare-dare !
« C'est alors que j'eus une mauvaise surprise : mon canot qui était engagé dans la grotte avait été bloqué sous une saillie de roche de la voûte. par la marée montante.
« Je m'escrimai à le dégager, mais l'eau montait toujours, et j'allais finalement me trouver emprisonné dans la grotte comme dans une souricière, et périr avec les prodigieux trésors que je n'avais pas entrevus !
« Je songeai à la malédiction des chercheurs de trésors... et puis un coup de mer entra, plus fort que les autres, le ressac me tira aux jambes, en même temps que le canot s'enfonçait, et j'en profitai pour le pousser hors de la saillie...
« Ouf ! je me sortais d'un joli pétrin !
« Je ne suis plus retourné à la grotte après ce coup-là, mais j'ai fait exploser de la dynamite en plusieurs endroits, sans trouver le moindre ducat ; puis j'ai regagné la France, déçu et déterminé à plaquer cette histoire qui m'avait coûté beaucoup d'argent. »
Le capitaine Tony Mangel avait tort, car il avait foulé des tonnes d'argent et d'or, et avec un peu de chance il eût pu déterrer les trésors de la Mary Dear.
En effet, en 1931, un Belge nommé Bergmans, sur les données de Tony Mangel, mit au jour, baie de l'Espérance, une vierge en or de 0,60 m de hauteur qu'il vendit 11 000 dollars à New York.
Les autres trésors de l'île Cocos résistèrent vaillamment à tous les assauts, sans jamais lasser la fièvre des chercheurs, toujours plus nombreux et toujours possesseurs de points qualifiés hautement authentiques !
Un plan trouvé en Indochine devint la possession du marin Louis Rebillard de Dinard, qui fit quelques confidences au Club international des Chercheurs de Trésors.
Un autre plan appartient au capitaine Tony Mangel, un troisième à un riche horticulteur de Los Angeles : James Forbes.
Forbes, qui disait posséder des lettres laissées à l'un de ses arrière-grands-pères par Thompson, croyait les trésors enterrés sous un matelas de chiffons et 0,50 m de pierraille ; il monta, avec un matériel ultra-moderne, cinq ruineuses expéditions, sans rien trouver.
En 1962, trois Français, Jean Portelle, Claude Challiés et Robert Vergnes, se rendirent à l'île Cocos avec les plans du Club des Chercheurs de Trésors que nous leur avions communiqués. Le 21 décembre, Jean Portelle et Claude Challiès disparaissaient mystérieusement en effectuant une reconnaissance autour de l'île. Seul, Robert Vergnes revint en France.
Les reliquaires, les candélabres, la Vierge de deux mètres, en or massif comme son enfant Jésus, son prodigieux pectoral à diamants, émeraudes et topazes, et toutes les pierreries des belles senoras de Lima, massacrées sur la Mary Dear, gisent dans la terre rouge et le sable doré de l'île des Pirates, veillés par le vol silencieux du condor aux ailes déployées, et seul l'oeil perçant de l'oiseau de proie voit miroiter dans les caches secrètes le merveilleux amoncellement qui hante le rêve des chercheurs...
"La Dernière ile au Trésor" de Robert Vergnes - Editions Balland - mai 1978.
Documentaire sur l'éxpédition du Trésor de Lima à l'île de Cocos
L'expédition d'Albert MATA dans les années 1990 à l'île del Coco au Costa Rica à la recherche du Trésor du Capitaine Thompson ou du Trésor de Lima.
L'île Cocos aujourd'hui
Nom actuel : Cocos Island National Park (île Cocos en Français), depuis 1613
Précédent noms : Ysle de Coques (en 1542), Isle de Cocos (1559), Isla de los Galapagos (1569), Santa Cruz (1607)
Appartenance au Pays : Costa Rica
Localisation : Océan Pacifique
Superficie : 23,85 km2
Périmètre : 23,3 km
Longueur : 7,49 km
Largeur : 4,61 km
Géologie : île volcanique
Climat : tropical chaud et humide
Météo annuelle : pluie et brouillard durant 9 mois, de mai à octobre
Coordonnées GPS : 5° 31' 45" Nord, 87° 03' 36" Ouest
Population : 0 habitant (!)
Découverte : en 1526 par l'espagnol Juan Cabeças (probablement)
Le tourisme à l'île Cocos
Les touristes ont la possibilité de visiter la forêt d'arbres géants et de mousse-drapés, de palmiers, de Broméliacées, de fougères en arbre et de vignes sauvages.
La plongée sous-marine est également possible, permettant aux touristes d'y contempler dauphins, fausses orques, raies, requins, thons et baleines.
L'île Cocos est très célèbre pour son monde marin et elle est considérée comme le meilleur endroit au monde pour pouvoir contempler les grandes espèces. Le célèbre Commandant Cousteau en a d'ailleurs fait un documentaire.
Mais ces visites se font au compte goutte et sont très contrôlées par l'État costaricien.
Seulement deux tiers de l'île sont accessibles, le tier restant est interdit au public car il sert de "laboratoire" pour l'étude des processus biologiques grâce aux nombreuses interactions entre l'île et son écosystème marin.
Le documentaire de Cousteau : Les requins de l'île au trésor (1988)